Dans un article publié dans la prestigieuse revue américaine Foreign Affairs, Miguel Otero Iglesias, chercheur associé à l’EU-Asia Institute et analyste au Royal Elcano Institute (Madrid), contredit les jugements souvent très négatifs que portent de nombreux économistes américains sur l’Euro.
Si l’union économique et monétaire a des répercussions aussi catastrophiques pour les peuples de l’Eurozone que prétendent de très nombreux éditorialistes dans les médias américains, pourquoi, demande Miguel, y a-t-il au sein de l’Eurozone un soutien clair et fort pour le maintien de l’Euro ?
Ce n’est sûrement pas seulement en raison de l’incertitude et des difficultés macro-économiques qu’engendrerait un retour aux monnaies nationales. On observe au contraire, notamment dans les États-membres du sud de l’Europe, comme l’Espagne ou le Portugal, que l’Euro, malgré tout, offre une stabilité et sécurité que les gouvernements successifs de ces pays n’ont jamais été en mesure de proposer à leurs citoyens. En fait, l’Euro est souvent perçu comme un frein bienvenu aux velléités d’élites corrompues.
Les classes moyennes dans ces pays s’aperçoivent que l’Euro leur a épargné, durant la crise de ces dernières années, l’éternel cortège des dévaluations successives et de l’inflation galopante auquel ils étaient habitués. Et plus au Nord, même les Allemands, qui avaient été tant préoccupés par l’inévitable faiblesse de la monnaie commune, doivent reconnaître, quinze ans plus tard, que leur économie en a profité énormément.
Au-delà de ces aspects, Miguel insiste sur le fait que l’Euro est aussi un phénomène culturel, un “code partagé” qui contribue, n’en déplaise à ses détracteurs, à une citoyenneté sur le niveau européen. On ne tombe certes pas “amoureux” d’une monnaie, mais elle réunit ceux qui l’utilisent. Les controverses et les désaccords sur la politique à suivre, cela paraît plutôt normal au sein d’une communauté politique – de la ville jusqu’à la nation et, dans le cas de l’Euro, au-delà.
Résilient, l’Euro. Davantage en tout cas qu’on n’a envie de voir outre-Atlantique.
Félicitations à Miguel pour cet article dans une revue de rayonnement mondial !
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