Tout comme le football lui-même en temps de COVID, la saison 2020-2021 du séminaire de recherche “Sport, Culture, Société”, organisé en partenariat entre le Centre d’histoire de Sciences Po et l’EU-Asia Institute de l’ESSCA voit son calendrier chamboulé.
La première séance de cette nouvelle saison, placée sous la thématique “Les années 1990 – la décennie qui a changé le football”, a eu lieu le 4 novembre dernier, et c’est sur ZOOM, plutôt que dans la vénérable Salle du Traité de la rue Jacob, que s’est réunie un public de plus de trente auditeurs, composé comme à l’habitude de chercheurs établis et d’étudiants.
Cette séance introductive a vu les co-organisateurs prendre la parole pour poser les jalons de la série de rencontres qui sont programmées entre février et juin 2021, comme toujours le premier mercredi de chaque mois.
Paul Dietschy (Université de Franche-Comté), aux commandes du séminaire depuis quatorze ans, a lancé les débats en s’interrogeant sur la pertinence d’une périodisation de l’histoire en décennies. Inscrivant sa réflexions dans ce qu’on peut nomme “l’histoire immédiate”, il a notamment rappelé à quel point les années 1990 ont non seulement vu des transformations massives dans l’organisation du football, mais aussi l’émergence de travaux en sciences sociales et humaines témoignant d’un réel intérêt pour ce phénomène de société.
Sous le titre “Quand la mondialisation a rattrapé le jeu mondial”, l’exposé d’Albrecht Sonntag (ESSCA Ecole de Management) a été organisé autour du mot clé “mobiliité”.
Il s’est penché d’abord sur l’impact retentissant du célèbre arrêt Bosman qui imposa la loi européenne aux instances de gouvernance du football et abolit les quotas de joueurs dans les championnats, déclenchant, avec une rapidité étonnante, un véritable brassage multi-ethnique dans les clubs du vieux continent, simultanément à un brassage non moins important, quoique pour des raisons différentes, dans nombre d’équipes nationales.
Cette mobilité des joueurs a été accompagnée d’une nouvelle mobilité des supporters, à la fois physique – facilité accrue des déplacements – et mentale, notamment par rapport à une nouvelle façon de vivre et de narrer la passion populaire du football.
Avec la troisième intervention, par Luc Arrondel et Richard Duhautois (Paris School of Economics et CNAM, respectivement), la séance est allée dans les prolongations. Mobilisant des données d’une grande richesse, les deux économistes, auteurs de l’ouvrage “L’argent du football” (CEPRMEAP, 2018), ont proposé leur analyse quantitative des changements majeurs (et spectaculaires) dans l’évolution du football durant ces trois dernières décennies.
Basée sur ce coup d’envoi panoramique, la feuille de route du séminaire de cette année sera la suivante : chaque séance invitera un grand témoin de cette époque charnière, toujours sur un aspect thématique particulier des grandes mutations qui ont été diagnostiquées. Les travaux feront ensuite l’objet d’une publication dans une revue d’histoire immédiate.