Le 7 mai prochain, le Royaume-Uni tiendra ses élections générales. Dans une série de mails, Simon Usherwood, professeur en sciences politiques à l’Université du Surrey, nous en décortique les enjeux principaux.
Dear Simon,
Quelle forme prennent les débats télévisés entre les leaders politiques au Royaume-Uni, et quelle est leur influence sur le vote ?
Contrairement à d’autres pays, le Royaume-Uni n’a pas une grande tradition de débats télévisés entre leaders des différents partis. En fait, la série de trois débats entre Travaillistes, Conservateurs et Démocrates Libéraux mise en place en 2010 a été une vraie première, et les opinions sur leur utilité divergent. Par conséquent, il y a davantage de débats sur la question s’il faut, oui ou non, avoir des débats, que de vrais débats à proprement parler !
Cette fois-ci, une longue série de discussions entre partis politiques et chaînes de télévision a fini par accoucher d’un accord a minima. Les petits partis insistaient à y être conviés – comme aux élections présidentielles en France, c’est pour eux une formidable opportunité de se faire connaître – alors que les Conservateurs et les Travaillistes, se considérant comme les leaders les plus probables d’un futur gouvernement, réclamaient un débat entre eux. Et les chaînes de télévision cherchaient à trouver un format qui soit intéressant pour les téléspectateurs. Il en résulta un seul débat en présence de tous les sept sept chefs de partis, diffusé début avril.
Son impact a été très limité, d’une part en raison des difficultés qu’il y avait eu à le mettre en place, d’autre part en raison de son format. Tout au plus a-t-il indiqué aux Britanniques qu’il faudra bien s’habituer à l’avènement d’un multipartisme plus visible, et provoqué un étonnement auprès de certains électeurs anglais qui se demandèrent s’ils pouvaient maintenant voter pour des partis nationalistes écossais ou gallois.
En résumé, dans les stratégies de campagnes proactives et multiformes de l’ensemble des partis, les débats télévisés ne sont qu’un obstacle parmi d’autres à surmonter dans une course électorale de longue haleine.
Cela pourrait changer, cependant. Un deuxième débat, auquel David Cameron a préféré ne pas participer, voulant si situer « au-dessus de la mêlée », a permis aux autres de le critiquer sans contradiction. Bref : s’il n’est guère avéré que participer à un débat télévisé apporte des votes, ne pas y être peut coûter cher.
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Simon Usherwood est politologue,
il enseigne les études européennes à l’Université du Surrey.
Spécialiste des partis politiques britanniques,
il est l’auteur d’un blog remarqué sur l’euroscepticisme.