Elodie JOUNY-RIVIER
Professeure de marketing - ESSCA

Article initialement paru sur The Conversation.

Ecrit par Elodie Jouny-Rivier (ESSCA) en collaboration avec Carole Maman, CEO de Yoganoel.


 

C’est une petite révolution dans le monde du jeu et du jouet. Plutôt que d’acheter des jouets coûteux qui finissent souvent au fond d’un placard, de plus en plus de parents optent pour la location. Cette tendance offre des avantages certes économiques mais c’est le plus souvent pour des raisons écologiques que les parents passent le cap.

En 2023, les ventes de jeux et de jouets ont atteint 4,3 milliards d’euros, selon l’institut Circana. Pourtant, le constat est implacable : utilisés pendant seulement une courte période, les jouets pour enfants finissent le plus souvent leur courte existence à l’abandon, entassés dans des cartons à la cave ou au grenier. Face à ce constat et portées par la volonté de proposer des solutions plus écologiques, les marques de jouets commencent à proposer de nouveaux services. Leur initiative phare ? La location. Mais ces entreprises très médiatisées à la faveur de cette pratique sont-elles vraiment des « pionnières » ?

De la ludothèque à la location

Un peu d’histoire. La location de jouets existe depuis… un bail ! C’est en effet en 1968 qu’ouvre en France la première ludothèque à Dijon. Une ludothèque, mot formé à partir du latin ludus « jeu » et du grec θήκη/thḗkē « lieu de dépôt », c’est un lieu qui met à la disposition de ses membres des jouets et des jeux de société en prêt. On peut aussi jouer sur place, dans des espaces dédiés, ce qui favorise les rencontres et les liens sociaux. Certains ont eu l’idée de reprendre ce concept pour remettre au goût du jour le principe de la location de jouets qui fait écho aux préoccupations des consommateurs pour l’écoresponsabilité. Une préoccupation qui travaille également les enfants comme nous avons pu l’observer dans nos travaux de recherche.

Quelques entreprises se démarquent. Lib&Lou, la première plate-forme de location de jouets et jeux éducatifs, créée en 2019, a récemment lancé une initiative de location de jouets. Elle s’établit en partenariat avec le leader du marché de location de jeux et de matériels éducatifs éco-responsable, le Groupe Juratoys, entreprise jurassienne qui propose des jouets en bois de haute qualité. Ce nouveau service permet aux familles de profiter de ces jouets durables sans l’engagement financier d’un achat permanent.

Le Ballutin, de son côté, propose une sélection de jouets éducatifs et ludiques pour les tout-petits. Leur service de location permet aux parents de renouveler régulièrement les jouets, stimulant ainsi la curiosité et l’apprentissage des enfants dès le plus jeune âge. Leur particularité ? Des jouets fabriqués en France par des artisans et créateurs locaux ayant fait le choix de travailler avec des matériaux respectueux de l’environnement.

Autre acteur sur le marché, Les Jouets voyageurs propose un concept innovant. Trois formules d’abonnements offrent en effet la possibilité aux parents et aux enfants de choisir des jouets de seconde main dans le catalogue en ligne, puis de changer tous les mois de jouets. Cette initiative permet de profiter de jouets de qualité sans s’engager financièrement sur de l’achat, tout en favorisant une économie circulaire. La marque a également développé un service de rénovation des jouets usagés, autre tendance de fond chez certaines entreprises, notamment depuis la loi de janvier 2023 qui impose aux magasins spécialisés dans la vente de jouets de proposer, sans condition d’achat, un service de reprise des jouets usagés.

Miljo.fr, nouvel entrant sur le marché, offre également des formules d’abonnement pour ses jouets de seconde main. Plus spécifiquement, la marque propose des services aux structures d’accueil de la petite enfance et aux professionnels du jouet.

Un marché qui continuera de grandir ?

La location de jouets présente de nombreux avantages. D’un point de vue économique, elle coûte souvent moins cher que l’achat. D’un point de vue écologique, elle permet de réduire le gaspillage et les déchets car les jouets sont réutilisés. Enfin, d’un point de vue pratique, elle évite de devoir stocker des jouets encombrants lorsque les enfants grandissent. En somme, la location de jouets est une solution gagnante pour les parents, les enfants et l’environnement.

Quelques questions restent cependant en suspens : Lib&Lou a créé des partenariats avec Vtetch et Smoby. D’autres marques vont-elles suivre cette tendance ? Toutes les marques peuvent-elles adhérer à ce concept, par exemple pour des questions d’hygiène ? Par exemple, une poupée Corolle en location peut-elle survivre au passage des désinfectants nécessaire pour garantir une propreté irréprochable aux futurs utilisateurs ?

La stratégie de la seconde main monte également en puissance dans le secteur du jouet. En témoignent les lancements récents de King Occaz, des magasins spécifiquement dédiés aux produits de seconde main King Jouet, ou encore les espaces troc O’Joué de Joué Club. Quels seront les choix privilégiés par les familles ?

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