En l’absence de toute précision sur ce que le gouvernement britannique s’apprête à demander à l’Union européenne dans ses prochaines négociations sur son départ, le débat s’est focalisé davantage sur les différentes options qui sont sur la table.

Malheureusement, puisque les personnes susceptibles de comprendre les enjeux dans le détail sont très peu nombreuses, la plus grande partie de ce débat a tourné autour de la conceptualisation émotionnelle du Brexit. L’image qui semble s’imposer en ce moment est celle du « hard Brexit ». Cette idée d’une sortie « dure » de l’Union semble impliquer soit l’échec total de trouver un accord avec l’Union européenne dans le délai de deux ans après l’activation du fameux article 50, soit une déclaration unilatérale du Royaume-Uni qu’il se passera d’un accord. D’une manière ou d’une autre, le « hard Brexit » suggère que le Royaume-Uni procède à une rupture entière et nette, et c’est la préférence de ceux qui soupçonnent le gouvernement britannique de chercher, tout en disant qu’il respecte le vote du référendum, à maintenir des rapports les plus étroits possibles avec Bruxelles.

Ceci dit, démêler plus de 40 années d’adhésion et de collaboration ne se fera pas du jour au lendemain. Par conséquent, le « hard Brexit » relève davantage de l’espoir de certains que de la probabilité réelle. Du « hard Brexit » au « soft Brexit », il n’y a qu’un petit pas sémantique.

La version « soft » du divorce évoque l’idée de longues périodes de transition ou de nombreux liens conservées entre les anciens partenaires, soit pour atténuer l’impact économique (comme le disent ceux qui étaient favorables au maintien), soit pour préserver le contrôle qu’exerce l’Union européenne sur le Royaume-Uni (dans la vision de ceux qui ne l’étaient pas).

Tout ce langage de « hard » et « soft » est assez chargé de testostérone, c’est pourquoi le débat est en train de se diriger vers… … le concept du « dirty Brexit », ce qui fait un peu nom de cocktail. Cette façon de voir les choses a émergé récemment. L’adjectif « dirty » met en avant le chaos qui se produirait si on quittait sans accord ni arrangement. « Dirty » et son antonyme « smooth » (doux, lisse, onctueux) renvoient clairement vers l’idée que la manière dont on partira est au moins aussi importante que notre destination finale.

Que nous disent tous ces jolis mots ? Ils révèlent que nous autres Britanniques ne savons pas vraiment ni ce qui est possible ni ce qui est souhaitable. Peut-être devrions-nous commencer à nous mettre d’accord à ce sujet d’abord. Sinon, nous sommes bien partis sur une route bosselée, cahoteuse, pleine de nids-de-poules. Ce sera alors un « bumpy Brexit ».


SimonSimon Usherwood est professeur en sciences politiques à l’Université de Surrey. Vous pouvez le suivre sur Twitter: @usherwood Les BreXing News sont un blog de l’EU-Asia Institute qui a dans un premier temps couvert la campagne référendaire au Royaume-Uni du printemps 2016. A partir de l’automne 2016, elles suivent la mise en oeuvre du Brexit en publiant des analyses et des points de vue sur les multiples aspects de ce processus complexe.

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