Anne MUSSON
Professeure d'économie, directrice de recherche - ESSCA

Les défis de la transition écologique en Europe soulèvent des questions sur les stratégies par lesquelles les petites et moyennes entreprises (PME) adoptent les éco-innovations.
Dans une nouvelle publication du Journal of Cleaner Production, Samira Rousselière, Thomas Coisnon, Mahmoud Hassan, Anne Musson et Damien Rousselière s'intéressent à ces questions et examinent l'impact des politiques publiques environnementales sur la rentabilité et la compétitivité des entreprises.

En utilisant des données issues d’une enquête paneuropéenne sur les PME et des modèles économétriques avancés, les scientifiques ont testé les trois versions de l’hypothèse de Porter. Celles-ci suggèrent que des politiques publiques environnementales bien conçues peuvent avoir des effets positifs sur l'adoption de l'éco-innovation et sur la rentabilité des entreprises à long terme.

enseignements majeurs :

  • Facteurs d'adoption : Les caractéristiques des entreprises (taille, âge, secteur, finances) et des politiques publiques adaptées sont décisives.
  • Coûts de production : Certaines innovations réduisent les coûts (énergie, matériaux), mais d'autres nécessitent des interventions spécifiques pour amortir les coûts de transition.
  • Dynamique territoriale : Entre coopération et compétition, les PME peuvent maximiser les externalités positives par des approches intégrées (éco-conception, circularité).

Impacts concrets

Les résultats de cette étude éclairent les choix politiques et stratégiques pour renforcer la transition écologique et la compétitivité des PME.

Pour les responsables politiques, l’analyse montre que le concept de "double dividende" (bénéfices économiques et environnementaux) ne peut pas s’appliquer uniformément à toutes les éco-innovations, du moins à court terme. Cela souligne l’importance de concevoir des politiques adaptées qui encouragent les pratiques avec un impact positif à moyen et long terme. L'étude recommande d'ajuster les politiques publiques aux différents types d’éco-innovations et aux spécificités des entreprises, afin de favoriser une performance à la fois économique et environnementale.

Du côté des PME, l’étude identifie des actions concrètes pour réduire les coûts de production et améliorer leur rentabilité. Par exemple, la revente de déchets à d’autres entreprises, la conservation des matériaux, l’utilisation d’énergies renouvelables ou encore l’amélioration de l’efficacité énergétique se sont avérées efficaces. Ces pratiques peuvent être renforcées pour permettre aux PME de réduire leurs coûts tout en contribuant à leurs objectifs de durabilité.

L'article est disponible en open access :

Rousselière, S., Coisnon, T., Hassan, M., Musson, A., & Rousselière, D. (2024). Beyond Porter hypothesis : Empirical evidence of heterogeneous and contextual economic returns of eco-innovations on a sample of European SMEs. Journal Of Cleaner Production, 484, 144329. https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2024.144329

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