Le 7 mai prochain, le Royaume-Uni tiendra ses élections générales. Dans une série de mails, Simon Usherwood, professeur en sciences politiques à l’Université du Surrey, nous en décortique les enjeux principaux.
Dear Simon,
Quel est aujourd’hui l’état de santé de la démocratie au Royaume-Uni ? La participation est-elle en déclin comme dans les autres démocraties occidentales ? Que pensent les citoyens de la démocratie comme système de gouvernement ?
D’une certaine manière, ces évolutions ont été masquées, d’un côté, par le système électoral qui a maintenu à flot le bipartisme des Conservateurs et des Travaillistes tout au long des décennies depuis la guerre et, de l’autre côté, par l’échec persistant de la part des mouvements d’extrême-droite de se constituer en force politique organisée.
Ceci dit, cette configuration longtemps assez stable paraît plus ébranlée que jamais. La combinaison entre décentralisation, fragmentation de l’échiquier politique, et émergence des médias sociaux a créé une multiplicité d’arènes politiques que la plupart des gens ont du mal à comprendre. Comme cette élection le montrera par exemple, la politique écossaise donnera l’impression de ne s’occuper que de l’Ecosse, mais le succès probable du Parti National Ecossais aura des conséquences majeures sur l’ensemble du Royaume.
En même temps, la démocratie britannique est à juste titre célèbre pour sa flexibilité et sa capacité d’adaptation. Au cours des siècles, depuis la « Révolution Glorieuse » de 1688, elle a digéré l’avènement de la démocratie représentative de masse, survécu à la constitutionnalisation de la monarchie, et résisté de manière remarquable à plusieurs tentatives guerrière de la soumettre à des régimes moins fréquentables.
Etant donné cette souplesse, nous pouvons sans doute nous attendre à ce qu’elle finisse par s’adapter à d’autres changements, qu’il s’agisse d’une réforme du système électorale ou de nouvelles formes de démocratie participative de masse. La réforme électorale deviendra quasiment inéluctable si par exemple les Libéraux-Démocrates font partie de la nouvelle coalition au pouvoir. L’évolution vers une démocratie plus participative est annoncée par les nouvelles technologies et le ras-le-bol de beaucoup de citoyens devant le système en place, nourri par une défiance croissante envers leurs propres représentants.
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Simon Usherwood est politologue,
il enseigne les études européennes à l’Université du Surrey.
Spécialiste des partis politiques britanniques,
il est l’auteur d’un blog remarqué sur l’euroscepticisme.