Bruxelles en décembre : pluie, vent, grisaille. Une heure à tuer entre les meetings à la Commission et le Thalys à la Gare du midi. Le temps de prendre quelques photos sur le chemin, des clins d’œil accompagnés chacun d’un vœu de bonne année pour l’Europe.
Premier arrêt photo : au rez-de-chaussée du Berlaymont.
Dans un hall du building emblématique de la Commission européenne, la gallérie de ses présidents, de Walter Hallstein à José Manuel Barroso. Et Jean-Claude Juncker alors ? En attendant d’avoir son portrait accroché à ce mur, il pourra déjà se servir de l’extincteur de feu déposé dans le coin gauche, afin d’étouffer l’incendie allumé par les révélations de l’affaire Lux Leaks sur son passé anti-européen à souhait à la tête du Luxembourg.
Mon vœu le plus cher pour M. Juncker : que 2015 lui permette de saisir toute occasion possible pour éteindre les feux de suspicion, de scepticisme et de méfiance qu’il a lui-même allumés et pour prouver qu’il est capable de faire prévaloir l’intérêt commun.
Deuxième arrêt photo : dans le métro.
Cela fait bien quinze ans que je me rends régulièrement à Bruxelles. S’il y a une chose dans cette ville qui ne change jamais, ce sont les escaliers roulants. Il doit y avoir une règle non-écrite (à moins qu’il s’agisse d’une directive européenne applicable uniquement à la capitale belge) postulant qu’une majorité qualifiée d’escalators doit être en panne à tout moment de l’année.
Mon vœu le plus cher pour Bruxelles : que 2015 soit « l’année de l’escalier roulant », durant lequel des milliers de fonctionnaires européens se sentent, sur le chemin de leurs bureaux, « transportés ». Le sentiment inespéré qu’il est possible que les choses fonctionnent effectivement ne peut être que bénéfique pour la productivité de l’Union tout entière.
Troisième arrêt photo : sur le Rond-Point Schuman.
Juste devant les grands bâtiments des institutions un grand nombre de panneaux d’affichage annonce une exposition sur les « Géants de la Terre ». A bien y penser : n’est-ce pas ce que l’Europe a été durant des siècles et qu’elle n’est – rendons-nous à l’évidence – plus guère ? Ceci dit : la plupart des « Géants » figurant dans cette exposition n’ont pas été capables de s’adapter à un environnement en mutation et sont désormais des espèces disparues.
Mon vœu le plus cher pour l’Union Européenne : que 2015 soit une année durant laquelle elle donne tort à tous ceux qui annoncent que le « mammouth » européen appartiendra bientôt au passé. Qu’elle révèle, malgré sa lourdeur et son engourdissement, une capacité insoupçonnée d’adaptation et de survie dans un environnement géopolitique darwiniste. Aucun besoin de faire partie des « Geants » : il est parfaitement convenable d’être de taille moyenne et d’ambition modeste, mais solide et … en vie.
A première vue, ce billet ne fait peut-être pas très « sérieux ». Mais derrière l’ironie du propos et les coïncidences amusantes des photos, les vœux de bonne année sont à la fois sincères et appropriés. Bonne chance pour 2015 !