On connaît la règle d’or : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent », ou, selon la version concise de John Stuart Mill : « Traite autrui comme tu voudrais être traité » (1). Ses formulations varient et on la cite souvent isolément, sans autre contexte, alors que le contexte dans lequel elle est formulée peut modifier sa signification (2). Un texte récent de Steven Mintz, spécialiste de l’éthique des affaires, s’inquiète du manque de référence à la règle d’or dans le monde actuel (3). Après avoir brièvement rendu compte de son argument, nous discutons de la place du concept de rôle dans l’application de la règle d’or, comprise dans la formulation générale que nous avons mentionnée : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent ».

1.

La règle d’or ne serait plus vraiment appliquée aujourd’hui

Que la règle d’or puisse ne plus être appliquée dans le monde d’aujourd’hui est surprenant si l’on considère que « cette règle de conduite appartient au patrimoine moral de l’humanité » ; qu’elle est une « maxime morale universelle » ; « aussi ancienne que l’humanité elle-même » ; « un principe [qui] s’est maintenu depuis des millénaires dans beaucoup de traditions religieuses et éthiques de l’humanité [et qui] devrait être la norme irrévocable et absolue dans tous les domaines de la vie, pour les familles et les collectivités, les ethnies, nations et religions » ; « une sorte de loi naturelle qui préexiste à toutes les formulations philosophiques et religieuses élaborées au fil des siècles » ; « la maxime suprême de la moralité, que le philosophe n’a pas à démontrer mais à réfléchir et, si possible, à formaliser » ; ou, toujours dans le même esprit, « l’idée morale la plus importante de la Terre », une « norme mondiale – approuvée par presque toutes les religions et cultures – importante pour les familles et les professionnels à travers la planète depuis de nombreux siècles – et un élément clé du mouvement croissant de l’éthique mondiale », bien que « de nombreux chercheurs la considèrent comme vague et truffée de difficultés » (4).

 

« La règle d’or est

une maxime morale universelle »

 

Dans son bref article, Steven Mintz adopte la même perspective :

« Comment peut-on prétendre que la maxime ‘Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent’ n’est pas une norme appropriée à un comportement éthique ? »

Il commente toutefois trois de ses interprétations erronées, ainsi que leurs conséquences sur les leçons morales que, compte-tenu de sa valeur suprême, cette règle devrait entraîner (5). Puis il en ajoute une quatrième, issue de son expérience d’enseignant en éthique des affaires. Elle repose sur cette maxime : « Ceux qui possèdent l’or font les règles » :

« Au cours de mes années d’enseignement de l’éthique des affaires, j’ai souvent entendu certains étudiants exprimer la règle d’or de la manière suivante : ‘Ceux qui possèdent l’or font les règles’ (He who has the gold makes the rules). Ils en arrivent à cette conclusion parce qu’ils croient que l’argent détermine le comportement et qu’il peut amener la personne qui en possède à l’utiliser et à établir des règles qui nuisent à autrui mais qui lui permettent de tirer profit de ses actes. C’est un défi d’enseigner le contraire aux étudiants […]. »

On peut s’étonner qu’une telle maxime puisse être rapprochée de la règle d’or. Pourtant, on la cite parfois tout en soulignant son caractère cynique et caricatural, à côté, par exemple, de ces autres caricatures : « Fais aux autres ce que tu espères qu’ils ne te feront pas » ou « Fais ceci aux autres avant que les autres ne te le fassent » (6). Ces parodies peuvent sembler hors sujet, mais elles ont un rapport indirect avec la règle d’or. En particulier, la maxime « Ceux qui possèdent l’or font les règles » renvoie au concept de règle, un concept qui intervient dans l’interprétation de la règle d’or et s’accorde à son application dans le monde professionnel. Nous en parlons à la section suivante.

Mintz conclut son texte sur une note pessimiste :

« [La] règle d’or est absente de la société actuelle : le comportement égoïste brouille sa véritable signification, la bonté et l’empathie appartiennent au passé et les individus ne regardent pas en-dehors d’eux-mêmes avant d’agir, mais à l’intérieur d’eux-mêmes, où se trouvent leurs propres désirs. »

Cette conclusion fait à la fois référence à la dimension empathique de la règle d’or et à la capacité, qu’elle suppose, de prendre la place de l’autre. Parmi les conceptions de la règle d’or que Mintz mentionne se trouve d’ailleurs la prise de rôle (role-taking), qui recouvre selon lui le fait de « se mettre à la place des autres afin de savoir comment les traiter de manière éthique ».

Ces deux caractéristiques complémentaires – empathie et prise de rôle – ont également une fonction sociale. Il est notable, à cet égard, que la règle d’or soit souvent opposée à l’égoïsme. Après avoir souligné l’importance de la règle d’or, Les principes d’une éthique planétaire du Parlement des religions du monde, que nous avons cités au début de cette section, fait cette mise en garde :

« Les égoïsmes de toute sorte, individuels ou collectifs, sont à rejeter […]. Nous les condamnons, car ils forment un obstacle qui empêche les êtres humains d’être authentiquement humains. L’affirmation ou la réalisation de soi sont parfaitement légitimes – tant qu’elles ne sont pas séparées de la responsabilité vis-à-vis de soi et du monde, c’est-à-dire de la responsabilité pour le prochain et pour la planète Terre. » (7)

 

2.

La prise en compte des rôles dans l’application de la règle d’or

La prise de rôle renvoie bien sûr au concept de rôle. On le trouve par exemple dans la brève critique que fait Emmanuel Kant de la règle d’or. Dans une note de ses Fondements de la métaphysique des mœurs, il met en scène le rôle du juge :

« Qu’on n’aille pas croire qu’ici la formule triviale : quod tibi non vis fieri, etc. [Ce que tu ne veux pas qu’on te fasse, ne le fais pas à autrui], puisse servir de règle ou de principe. [Elle] ne peut être une loi universelle, car elle ne contient pas le principe […] des devoirs stricts des hommes les uns envers les autres, car le criminel pourrait, d’après ce principe, argumenter contre le juge qui le punit, etc. » (8)

Une application spontanée et littérale de la règle d’or conduirait le juge au raisonnement suivant : si j’étais un prévenu, je n’aimerais pas être emprisonné ; puisque je dois faire à autrui ce que je voudrais qu’il me fasse, je décide de ne pas emprisonner le prévenu. Mais un tel raisonnement ignore le contexte dans lequel se trouve le juge. Celui-ci doit respecter les devoirs qui sont propres à son rôle et qui ont été définis par la société. Il n’est pas envisageable d’appliquer la règle d’or en ignorant le contexte, c’est-à-dire en s’en tenant à une relation bilatérale, comme ce serait le cas, par exemple, dans la relation entre deux amis (9).

 

« Une application littérale de la règle d’or

peut produire des résultats absurdes »

 

D’un autre côté, la règle d’or nous demande d’imaginer qu’on se trouve à la place de l’autre. Il s’agit là d’une condition nécessaire pour que la communication ait lieu entre des personnes en interaction. Brad Hooker, qui propose un point de vue critique à l’égard de la règle d’or en tant que principe suprême de la moralité, souligne qu’elle nous permet de « nous rappeler des interdictions morales auxquelles nous sommes attachés » (c’est le cas si je m’apprête à violer une règle morale mais que j’imagine que j’éprouverais un sentiment d’injustice si autrui se conduisait avec moi de la sorte) et « de prendre conscience de la façon dont nos actions affectent les autres » (10). Mais prendre la place de l’autre suppose aussi d’imaginer ce que signifie le fait d’occuper son rôle. Et, contrairement aux amis ou aux membres de notre famille, cet autre peut nous être inconnu :

« Nous devons nous imaginer en train de changer de rôle, non seulement avec des personnes qui nous ressemblent suffisamment pour que nous ayons vraiment une chance d’être un jour dans leur situation, mais aussi avec des êtres si différents de nous que nous ne pourrions jamais être à leur place. La règle d’or nous oblige à penser que nous nous trouvons à la place des autres, même si nous savons que nous ne l’occuperons jamais. »

Le propos de Hooker tend à confondre le rôle avec des personnes singulières, par exemple « des êtres si différents de nous ». Il ignore en particulier les rôles complémentaires qui caractérisent bon nombre d’interactions sociales, comme le juge et le prévenu, la mère et l’enfant, le vendeur et l’acheteur. Soit dit en passant, Anne-Marie Rocheblave-Spenlé remarquait que les rôles complémentaires (par exemple la mère et l’enfant) incluent par définition le fait de se mettre à la place de l’autre :

« L’apprentissage de chaque rôle comprend aussi […] celui du rôle complémentaire auquel il est relié. Par conséquent, le sujet, tout en ‘agissant’ en terme d’un certain rôle dans la réalité, possède, à l’état latent, celui de son partenaire, et peut donc mentalement se mettre à sa place. » (11)

Le propos de Hooker ne mentionne pas non plus, dans cet extrait, le fait qu’un rôle renvoie à certaines normes sociales et implique des attentes sociales (12). Prendre la perspective de l’autre, lorsque l’autre occupe un rôle, signifie que nous nous référons aux normes sociales que l’autre devrait appliquer en tant qu’occupant de ce rôle. Nos attentes envers cet autre incluent le respect de ces normes. Dans une négociation, par exemple, il existe, dans l’esprit des négociateurs, des hypothèses communes sur les normes sociales qui devraient être respectées par les deux parties, telles que le respect mutuel et la recherche d’un juste équilibre.

 

3.

Une interprétation de la règle d’or fondée sur des normes partagées

L’argument fondé sur des normes communes a été défendu par Marcus Singer (13). Il répond, à environ un siècle de distance, à Richard Whately, qui fut, entre autres, archevêque anglican de Dublin (14). Celui-ci montra l’absurdité des résultats produits par la règle d’or, un scepticisme que partage Singer si l’on s’en tient à une certaine interprétation de la règle d’or :

« Cette précieuse règle de notre Seigneur, ‘Il faut faire aux autres ce que nous voudrions qu’ils nous fassent’, permet d’expliquer, si elle est bien comprise, le véritable caractère de l’instruction morale. Mais si vous deviez comprendre que ce précepte est destiné à nous transmettre les notions fondamentales du bien et du mal, et qu’il serait, de ce fait, le seul précepte apte à vous guider quand vous vous demandez ce que vous devez faire ou ne pas faire dans vos rapports avec votre prochain, vous resteriez très perplexe. »

Singer reprend plusieurs des exemples proposés par Whately, dont celui d’un propriétaire terrien qui désire louer sa terre à un fermier et souhaite appliquer la règle d’or pour fixer le montant du loyer :

« Si [un propriétaire voulait louer] sa terre à un fermier, il pourrait considérer que le fermier serait heureux d’être dispensé de payer un loyer pour cette terre, puisqu’il préférerait lui-même, s’il était le fermier, utiliser cette terre sans payer de loyer ; et que, par conséquent, la règle demandant de faire ce qu’il voudrait qu’on lui fasse l’obligerait à céder tous ses biens. De même, un commerçant pourrait, selon ce principe, penser que la règle d’or l’oblige à se défaire de ses marchandises au premier prix, voire à les donner, ce qui le conduirait à la ruine. Une telle procédure serait absurde. » (15)

Le cas du propriétaire terrien et du fermier permet à Singer d’expliquer en quoi une telle application de la règle d’or est défaillante. Le « piège » se trouve dans la locution de Whately : « puisqu’il préférerait lui-même, s’il était le fermier, utiliser cette terre sans payer de loyer ». Elle laisse entendre que le propriétaire abandonne en quelque sorte son moi, qu’il devient le fermier (imaginaire) et accepte son exigence aberrante : obtenir gratuitement l’usage de la terre. Ce n’est pas ce qu’exige la règle d’or. Il ne s’agit pas de fonder son action sur les désirs d’autrui après avoir pris son rôle :

« [La règle d’or] ne me dit pas que je dois m’imaginer être un autre, ou que je dois m’imaginer passer constamment d’un rôle à l’autre. La supposition ‘si j’étais lui’ ne permet pas de tirer des conclusions précises, car la supposition elle-même est indéterminée. » (16)

L’indétermination dont parle Singer est le fait que le résultat de la prise de rôle pourrait varier selon les personnes : tel propriétaire terrien estimerait que son devoir est de proposer un loyer gratuit, tel autre que, s’il était le fermier, il estimerait juste de payer un loyer correspondant au prix du marché (17).

Les choses se compliquent si l’on procède à ce que Singer appelle des « circonvolutions », c’est-à-dire une suite de prises de rôle à l’infini. Le propriétaire terrien pourrait ainsi imaginer ce qu’il aimerait qu’un propriétaire lui fasse s’il était le fermier, puis s’imaginer qu’étant le fermier, celui-ci (un fermier imaginaire) s’imaginerait à la place du propriétaire pour se demander ce que celui-ci voudrait qu’il lui fasse, ceci jusqu’à l’infini. À moins de définir un point d’arrêt arbitraire, la série des prises de rôle, infinie, n’aboutirait à aucune solution.

 

« Une application réaliste de la règle d’or

consiste à se référer à des normes légitimes »

 

Un autre problème vient de la situation dans laquelle se trouverait le propriétaire terrien s’il devait, par exemple, résoudre un litige entre deux fermiers exploitant ses terres et ayant des revendications opposées (18). S’il se mettait à la place du premier fermier, puis à la place du second, il en résulterait des options contradictoires qui reflèteraient ces revendications opposées.

Pour résoudre ces difficultés, Singer introduit l’idée, évoquée à la section 2, selon laquelle les protagonistes, en appliquant la règle d’or, devraient se référer aux normes qui régissent leur relation. Dans le cas du propriétaire et du fermier, la règle d’or « exige que [le propriétaire] agisse envers [le fermier] selon la même norme ou le même principe qu’il voudrait que [le fermier] applique à son égard » (19).

Cette interprétation évite le problème de régression à l’infini posé par les circonvolutions. Elle évite également le cas dans lequel le propriétaire terrien devrait arbitrer entre deux revendications contradictoires, puisque les trois parties (le propriétaire et les deux fermiers) se réfèreraient toutes à des normes telles que l’impartialité et l’existence de preuves. Enfin, elle permet à une interaction impliquant une multiplicité de personnes d’autoriser l’application de la règle d’or, puisque la question qu’elle soulève est de rechercher les normes pertinentes qui devraient régir leur situation.

L’interprétation de Singer a fait l’objet de critiques, mais elle a l’avantage d’échapper à une vision étroite de la règle d’or, puisqu’elle mobilise des normes morales qui sont reconnues comme valides et qui unissent les personnes en interaction.

Alain Anquetil


(1) J. S. Mill, Utilitarianism, 1863, Collected Works of John Stuart Mill, J. M. Robson (dir.), 33 volumes, CW X, tr. C. Audard, L’utilitarisme. Essai sur Bentham, Paris, PUF, 1998. Il existe aussi une version négative de la règle d’or : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’ils vous fassent », qui paraît moins exigeante que la version positive et dont le sens moral est généralement considéré comme plus substantiel (voir cependant Robert E. Allinson, « The Confucian golden rule: A negative formulation », Journal of Chinese Philosophy, 12, 1985, p. 305-315).

(2) S’agissant des mentions de la règle d’or dans les Evangiles, on notera ces formulations sensiblement différentes et enchâssées dans un contexte spécifique : « Toutes les choses donc que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les leur aussi vous-mêmes, car c’est la loi et les prophètes » (Matthieu, 7.12) et « Et comme vous voulez que les hommes vous fassent, vous aussi faites-leur de même » (Luc, 6.31, où il est dit, cinq versets plus tôt : « Aimez vos ennemis, et faites du bien et prêtez sans rien espérer »).

Jeffrey Wattles remarque que, « par exemple, évoquer ‘la règle d’or du confucianisme’ en citant une phrase de quinze mots tirée des Entretiens de Confucius ne rend pas compte du dynamisme historique de l’évolution de ses connotations sociales, éthiques et spirituelles. Que signifient les mots dans leur contexte d’origine ? Quelle est l’importance de la règle d’or dans cette tradition particulière ? Enfin, comment la règle fonctionne-t-elle dans le cadre d’une interaction [sociale] ? La règle peut fonctionner comme un reproche autoritaire, une répétition pieuse de la tradition, le support d’une analyse critique ou l’aveu d’un engagement personnel. La règle est-elle unique ou multiple ? Peut-on même parler correctement d’une règle d’or ? » Wattles cite l’exemple de l’interprétation de la règle d’or dans l’hindouisme, l’islam et le christianisme, et conclut en observant que « d’innombrables personnes évoquent la règle sans faire la moindre association religieuse ». (J. Wattles, The Golden Rule, Oxford University Press, 1996.)

(3) S. Mintz, « Redefining the Golden Rule », Ethics Sage, 15 septembre 2021.

(4) Les références sont respectivement : « Règle d’or », Dictionnaire Biblique Westphal ; Olivier du Roy, La règle d’or : histoire d’une maxime morale universelle. Vol. 1 : De Confucius à la fin du XIXème siècle, vol. 2 : Le XXème siècle et essai d’interprétationParis, Les Éditions du Cerf, 2012 ; Alberto Frigo, revue de l’ouvrage d’Olivier du Roy, « La règle d’or… », Revue de l’histoire des religions, 3, 2014 ; Les principes d’une éthique planétaire, Parlement des religions du monde, 4 septembre 1993 ; Frédéric Lenoir, Petit traité de vie intérieure, Paris, Pocket, 2012 ; Paul Ricœur, « Entre philosophie et théologie : la Règle d’Or en question », Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 69(1), 1989, p. 3-9 ; et Harry J. Gensler, Ethics and the Golden Rule, Routledge, 2013.

(5) Il s’inspire de M. W. Merrill, « 3 Ways you are teaching the Golden Rule wrong ».

(6) N. E. Bowie & M. E. Schneider, Business Ethics for Dummies, Hoboken, Wiley Publishing, 2011. Dans un articles publié en 1968, Albert Carr notait que les règles du jeu des affaires comprennent une métarègle qui demande d’abandonner certains des critères éthiques de la morale privée, dont la règle d’or, car « la plupart du temps l’homme d’affaires essaie de faire aux autres ce qu’il espère que les autres ne lui feront pas » (A. Z. Carr, « Is bluffing ethical? », Harvard Business Review, 46(1), 1968, p. 143-153 ; voir A. Anquetil, Qu’est-ce que l’éthique des affaires ? Paris, Vrin, « Chemins Philosophiques », 2008).

(7) Les principes d’une éthique planétaireop. cit.

(8) E. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, tr. V. Delbos, revue par A. Philonenko, Paris, Vrin, 1997.

Il existe bien d’autres arguments contre la règle d’or. L’un d’eux est qu’elle peut s’appliquer à des actions mauvaises. Henry Sidgwick notait ainsi que « l’énoncé de cette formule est à l’évidence imprécis ; car on pourrait souhaiter la coopération de l’autre dans le péché et être prêt à lui rendre la pareille ». Mieux vaut lui substituer la maxime de la bienveillance : « Chacun est moralement tenu de considérer le bien de tout autre individu de la même manière que le sien propre, excepté dans la mesure où il le juge moindre, lorsqu’il le considère impartialement, ou moins susceptible d’être connu ou atteint avec certitude par lui » (in Catherine Audard, Anthologie historique et critique de l’utilitarisme, tome 2, Paris, PUF, 1999).

(9) Je me réfère ici à Aristote : « Comme on lui demandait comment se comporter avec ses amis, il dit : « comme nous souhaiterions qu’ils se comportent avec nous » (Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustrestr. sous la direction de Marie-Odile Goulet-Cazé, Le Livre de poche, 1999).

(10) B. Hooker, « The Golden Rule », Think, 4(10), 2005, p. 25-29. Je mets les italiques.

(11) A.-M. Rocheblave-Spenlé, La notion de rôle en psychologie sociale : étude historico-critique, Presses Universitaires de France, 1962.

(12) Il s’y réfère presque au début de son article, où il évoque la « position » et les « règles » qui interviennent dans une interaction sociale : « La règle d’or me demande de faire aux autres ce que je voudrais qu’ils me fassent s’ils étaient à ma place (ou dans ma position) et moi à la leur. Je dois éviter d’agir selon des règles auxquelles je pourrais m’opposer dans l’hypothèse où quelqu’un les suivrait dans ses relations avec moi. » (Op. cit.)

(13) M. G. Singer, « The Golden Rule », Philosophy, 38(146), 1963, p. 293-314.

(14) R. Whately, Lessons on morals and Christian evidences, Cambridge, John Bartlett, 1856. Sa Leçon 4 porte sur la règle d’or.

(15) Ibid.

(16) M. G. Singer, op. cit.

(17) Pour des raisons diverses : le fermier imaginé n’aimerait pas donner l’impression à son entourage ou à ses pairs de profiter de la situation, il estimerait que son honneur serait en jeu, il n’aimerait pas se sentir redevable en raison d’un loyer nul, etc.

(18) Je m’inspire d’un exemple de Whately que commente Singer à la fin de son article. Whately prend l’hypothèse d’un juge devant arbitrer entre deux parties.

(19) M. G. Singer, op. cit.

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