J’ai récemment écrit un édito sur l’éthique des affaires en général. On m’a suggéré de le poster sur ce blog. Le voici.
De tous les domaines de l’éthique appliquée (cette partie de la philosophie morale qui traite des problèmes éthiques soulevés par les activités humaines), celui de l’« éthique des affaires » est sans aucun doute le plus ouvert. Depuis plus de trente ans, on y trouve de tout. Si votre intérêt se porte sur l’éthique du marketing ou sur les vertus du commissaire aux comptes, vous y découvrirez à coup sûr de quoi vous satisfaire. Il en est de même si vous êtes un adepte des études empiriques : il y en a à revendre, et parfois de très suggestives.
Mais on aurait tort de croire que l’éthique des affaires ne s’intéresse qu’aux affaires ou, pire, qu’à la décision du manager face à des problèmes éthiques. Car son sujet essentiel, c’est la vie en général, avec ses expériences particulières, ses revirements, les idéaux que chacun essaie de poursuivre dans le fil de sa propre existence et ces liens humains dont la « vie des affaires » est l’occasion. Il ne faut pas s’en étonner, puisque les entreprises sont avant tout des communautés humaines.
On pourra rétorquer que si l’on veut réfléchir à la sagesse ou à la manière de conduire sa vie, ou encore à la trahison, à l’amitié ou à l’amour, on préfèrera lire les philosophes qui s’intéressent à la sagesse et au bonheur, se laisser guider par tel roman de Joseph Conrad, regarder un film de Howard Hawks ou de François Truffaut. C’est vrai. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, la bibliothèque de l’éthique des affaires est riche de textes relatifs à ces questions et il lui arrive même de se référer à la littérature ou au cinéma.
Certains ont une vue plus étroite de l’éthique des affaires. Pour ma part, je préfère la vue élargie, simplement parce qu’elle s’accorde mieux avec la réalité, c’est-à-dire avec les préoccupations que suscitent nos existences.
Alain Anquetil
(16 avril 2011)